Parmi nos ancêtres nous trouvons des participants aux différentes guerres et conquêtes. Vous connaissez bien l'histoire de Jacques-Louis Maupillier, combattant des guerres de Vendée, le jeune paysan Deux-Sévrien qui s'enrôle dans l'armée vendéenne en 1793 (celui qui est en fond de page de cet article).

Un demi siècle avant lui, sur un autre continent, mes recherches m'ont mené à un document fort intéressant, nous racontant une étape de l'histoire de Georges Montpelier. Que ce soldat soit de la famille de Nos Trois Branches reste à vérifier, mais je veux vous montrer ce que le document m'a raconté sur lui.

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le retour en France : du cap de Bonne Espérance à Port Louis

En octobre 1734, le Maurepas quitte Pondichéry et fait route vers la France, à travers l'oçéan indien, les cales pleines d'épices, de drogues, de café Bourbon, de thé Bouy, de bois précieux, de toiles des Indes. Le Maurepas profite des nouvelles moussons d'octobre pour traverser l'oçéan indien et se diriger vers l'île Bourbon. Deux marins décèdent peu après le départ de Pondichéry, Nicolas Berthaumé et Michel Guillon, matelots, morts le 15 octobre 1734. Charles du Val meurt à son tour, le 19 décembre 1734.

 

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...suite de

Les navires prennent en général par le cap d'Ambre au nord-est de Madagascar, passent à la vue des Seychelles puis filent par "le canal des forbans" entre les Maldives et les Languedives jusqu'aux Indes. Une fois la côte indienne en vue, les vaisseaux cabotent pour atteindre la rade de Pondichéry sur la côte de Coromandel (côte sud-est de l'Inde). La rade étant réputée dangereuse, les navires restent au large, on rejoint la ville par de petites embarcations à fond plat. La navigation depuis les Mascareignes a duré 6 semaines.

 

Le Maurepas longe enfin les côtes de l'Inde. Au début du XVIII siècle, le pays est soumis, dans sa plus grande partie, à la dynastie des empereurs mogols. En 1733, Mohamed Shah est l'empereur régnant. Il règne de 1719 à 1748. L'empire, pourtant puissant en 1707, à la mort de Aurangzeb, se désintégre au cours du siècle. La lente décadence de l'empire mogol se déroule sur fond de lutte entre les différents clans, de révoltes agraires et d'invasions ennemies. Le pouvoir impérial est menacé par celui des seigneurs locaux, les rajas.

 

Le Maurepas atteint Pondichéry à la fin août ou au début de septembre 1734. Implantés pour la première fois à Pondichéry, en 1607, les Français en furent chassés par les Hollandais. Le traité de Ryswick rendit Pondichéry à la France en 1698.


Jean Baptiste Maupillier fait escale à Pondichéry, le fleuron des comptoirs de la compagnie, l'entrepôt du commerce en Asie. Le séjour à Pondichéry "vaut celui d'une bonne ville d'Europe, la chaleur prés". La ville compte plus de 150.000 habitants. C'est une ville à l'européenne avec un plan tracé en équerre. La qualité de l'urbanisme frappe tous les voyageurs. La Compagnie déploie sa splendeur à Pondichéry. Au nord-ouest de la ville, se trouve le quartier St Joseph, la ville noire et l'église des Jésuites. le quartier St Louis est celui de l'hôtel de la Compagnie et des cimetières. Au nord-est, St Laurent accueille le quartier français par excellence, l'église des Capucins, le bazar. Le quartier de l'hôpital au sud-ouest est celui de la ville noire nouvelle, des ateliers de peinture, de la mosquée. Les fêtes, les bordels et les promenades en palanquins sur les canaux de l'arrière pays sont les plaisirs les plus prisés par les hommes en relâche à Pondichéry. C'est une époque de paix, le gouverneur de la compagnie, Lenoir entretient de bonnes relations avec les voisins, Indiens, Anglais et Hollandais. Pondichéry qui aiguise les convoitises est entièrement fortifiée. La ville, siège d'un conseil supérieur de la Compagnie, règne sur 14 enclaves soit 29.000 hectares.

 

Jean Baptiste décrit ainsi cette partie de la côte de Coromandel :

"cette partie de l'Inde...est dans un climat fort chaud, où on ne connaît quasi pour toute saison que l'été, il y pleut très rarement, c'est ce qui cause une grande aridité de la terre qui ne produit ses fruits qu'avec beaucoup de peine, et qui sont sans beaucoup de substance ; aussi la nourriture que le pauvres indiens en retirent, sert-elle plutôt à les faire languir qu'à les faire vivre. Ils sont presque tous faibles et efféminés, leur nourriture ne leur fournissant que très peu de suc nourricier....ce qui rend sujets à quantités de fâcheuses maladies, telles sont le rachitis, la phtisie, le marasme, l'épilepsie, la catalepsie, la paralysie".

Pondichéry est dominée par les agents de la Compagnie, une quarantaine d'hommes, (commis, huissiers, conseillers, officiers, marchands) "habitués à la vie molle", au luxe et menant grand train. Ils sont les maîtres de la ville blanche. Pour le reste Pondichéry est divisée entre les nombreuses castes de Marthes (indiens). On rencontre des chrétiens, des musulmans, des hindous, des métis, des esclaves noirs d'Afrique.

Le navire reste tout le mois de septembre 1734 à Pondichéry. Antoine Denibar, matelot, meurt le 13 septembre. L'état de l'équipage est préoccupant, de nombreux matelots sont malades. Plusieurs sont débarqués et laissés dans la ville, le 13 septembre, comme Jascques Coure, Louis Linguin, Elie Paxaud matelots et François Baillet et tout le long du même mois. Ils vont rejoindre la garnison de l'imposant fort Saint Louis, le plus puissant de la côte indienne, bâti sur le modèle de la citadelle de Tournai, conçue par Vauban. Le fort dont la pierre offre les reflets du "marbre blanc" occupe 5 hectares de surface.


Durant ce mois de septembre 1734, Jean Baptiste eut tout le loisir de connaître la ville, de côtoyer les babitants et d'assouvir sa curiosité. Il examina un enfant mort-né qui lui donnera l'occasion plus tard de rédiger une étude : "mémoire d'un enfant remarquable à figure monstrueuse né à Pondichéry dans les Indes orientales en 1734 dans l'empire du mogol...". (Hamy "le nosencéphale pleurosone" in journal de l'anatomie mai 1874). Une statuette représentant l'enfant fut exécutée par le frère Loupias, jésuite et chirurgien de Pondichéry. Elle fut confiée à Baulieu officier à bord du Maurepas, puis offerte au célèbre chirurgien Petit, avant d'être donnée en 1749 à l'académie royale de chirurgie puis de prendre place au musée Dupuytren à Paris.

à suivre ....

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Le voyage se poursuit par la descente de l'Atlantique, viennent ensuite le passage de la ligne et l'absence des vents. La plupart des vaisseaux, comme le Maurepas en 1734, virent très à l'ouest, traversent l'Atlantique et longent les côtes du Brésil, certains font même escale à Rio.

Charpentier de Cossigny,
embarqué à bord du Maurepas en 1734 écrit ceci : "les vaisseaux qui font route aux Indes orientales...s'approchent plus de la côte du Brésil que de celle d'Afrique pour éviter d'être rapidement portés....dans le vaste ressac de Juda d'où l'on a bien de la peine à se relever lorsqu'on s'y trouve engagé" (Charpentier de Cossigny "mémoires de mathématiques et physique présentés à l'académie royale des sciences tome 3, 1760, page4). Le Maurepas a franchi l'équateur à l'ouest de l'île de l'Ascension, près de la côte du Brésil. Le Maurepas descend l'Atlantique, cap au sud vers l'île de la Trinité. A la vue de cette île, le vaisseau reprend la route de l'est vers l'Afrique, porté par les vents. Le Maurepas double le cap de Bonne Espérance très au large en février-mars 1734. C'est un moment critique, les premiers cas de scorbut se déclarent dans l'équipage (les cas de scorbut se déclarent en général au bout du cinquième mois de navigation). La navigation y est difficile, les vaisseaux sont secoués par le gros temps. Le franchissement du cap de Bonne Espérance donne lieu à la célébration d'un Te Deum.
Louis Nicolas Lamy, maître canonnier du Maurepas meurt en mer. C'est le premier mort à bord du navire. Après les obsèques, le corps est jeté à la mer. Les objets du défunt sont inventoriés, on ne vend à l'équipage que les denrées périssables. Les traversées sont souvent périlleuses. Il arrive qu'un équipage complet soit décimé par la maladie. Jean Fourazin, soldat meurt durant cette période, le 13 mai 1734.

Le Maurepas, après cinq mois de navigation, atteint enfin les Mascareignes (ïles de France et Bourbon, situées à 800 km à l'est de Madagascar), possession de la compagnie, pour une escale indispensable au repos de l'équipage et à l'approvisonnement. Les navires profitent des vents de mousson du sud-ouest qui souffle d'avril à octobre. Le 1 juin 1734, l'équipage débarque sur l'île de France (île Maurice) et y reste une bonne partie du mois de juin. Jean Bapiste laisse sur cette île, Nicolas Buguy, dit Passeteur et Toussaint Leroy, soldats "débarqués malades". Le Maurepas prend ensuite la route de l'île Bourbon.

Parmi les passagers qui firent la traversée, entre l'île de France et Bourbon, avec Jean Baptiste Maupillier figure le célèbre Jean François Charpentier de Cossigny capitaine ingénieur du roi. Entré au service de la compagnie en 1731, il représente le contrôleur général Orry, son ami. Sa mission fut de seconder Mahé de la Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes. Cossigny, esprit acerbe et caustique, est aussi un savant très connu, auteur de nombreux mémoires pour l'académie royale des sciences. Il perfectionna le thermomêtre avec Réaumur.,

 

Le navire aborde les côtes de l'île Bourbon, le 20 juin 1734. Le 20 juin Toussaint Flayant, soldat, est débarqué tout comme Mathieu Desbouefs et Henry Pardon. Le 28 juin 1734, des matelots d'autres navires viennent remplacer certains hommes du Maurepas. Le navire accueille 2 nouveaux matelots, François Pitanche et Jean Vigoureux de la Vénus. La Vénus, frégate de 300 tonneaux et 81 hommes d'équipage fit naufrage le 11 décembre 1733, à l'île Bourbon, durant une tempête. L'équipage du Maurepas reste un certain temps sur l'île Bourbon. Certains soldats débarqués sont destinés à la garnison de l'île Bourbon comme Augustin Ardois, dit la Tendresse, débarqué le 24 juin 1734. En échange, le Maurepas charge 4 nouveaux soldats, Joseph Monfort, Christophe Le Gendre, Jean Simon Fileul, Pierre Fouet. La relâche aux Mascareignes aura duré prés de 5 semaines. Le 28 juin 1734, trois matelots trop malades pour continuer le voyage sont débarqués à Bourbon, Jean Liérand, Nicolas Henin et Jean Aullier.

Les conditions de vie à bord des vaisseaux sont assez terribles. La navigation est plus que jamais, un exercice périlleux, tempêtes, pirates, maladies. Le chirurgien dont l'infirmerie ne désemplit pas doit affronter le scorbut, les dysenteries, les fièvres, les maladies vénériennes, les accidents, les infections tropicales, le paludisme, les maladies dues au manque d'hygiène ou à l'humidité. La mortalité durant une campagne est à cette époque de 15%. On reconnaît aux chirurgiens majors de la compagnie des Indes, limités par la faible étendue du savoir de l'époque, une certaine habileté et une bonne connaissance des nombreux médicaments utilisés. Les navires embarquaient plus de 200 types de produits pharmaceutiques fournis par l'apothicairie de la Compagnie. 10% des chirurgiens embarqués aux Indes ont succombé en mer. Les chirurgiens majors font office de médecin, de pharmacien et de chirurgien à bord.

 

En juillet 1734, le navire, avant d'aborder les Indes, perd de nouveaux matelots, Louis Quintin, mousse décède, le 6 juillet 1734, Jean Lavenedée, mousse, le 17 juillet 1734 et Jacques Loget, pilotin, le 23 juillet 1734.

 

à suivre....

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La vie est rude à bord des navires. La promiscuité des hommes est totale, l'humidité permanente. Certains marins ont déserté avant le départ, avec leur solde et ne feront pas la campagne de l'Inde à bord du Maurepas, comme François Gallie. D'autres sont débarquées malades, comme Guilaume Daudressel, matelot, congédié le 30 novembre 1733 ou Louis Dumoulin, matelot, débarqué malade le 3 décembre 1733. Le 4 décembre 1733, deux soldats de Lorient, viennent renforcer le contingent à bord du navire

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article 6 - 2 :

Jean Baptiste
est payé 40 livres par mois, le capitaine 200 livres, le lieutenant 120. Le maître canonnier est payé 24 livres, l'aide chirurgien 20 livres, l'armurier 20 livres, le maître calfat 30 livres, les matelots entre 10 et 18 livres, le cuisinier 10 livres, le sergent 16 livres, un simple soldat 10 livres.

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Robert Challe

L'Robert Challe Indes Orientalesouvrage est la réédition du journal écrit par Challe en 1690 durant son voyage à bord d'un navire de la Compagnie des Indes de Lorient à Pondichéry. Engagé comme écrivain à bord d'un vaisseau, il raconte, avec une plume brillante, le quotidien d'un navire embarqué pour les Indes. Challe a fait 43 ans plus tôt, le même voyage que Jean Baptiste Maupillier. la description de Pondichéry y est saisissante. L'ouvrage est considéré comme un chef d'oeuvre du grand siècle.

Editions Le Temps retrouvé, Mercure de France
Format Poche, 2 volumes, prix 9 euros, le volume.

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